La crise sanitaire de 2020 a rapidement créé un manque de capacité de fret aérien avec l’arrêt des vols commerciaux transportant des passagers. En effet les vols commerciaux offrent une partie de leur soute disponible au transport de fret. Ainsi des appareils comme les Boeing 777 sont capables de proposer une capacité d’emport supplémentaire non négligeable en plus des passagers et de leurs bagages. A tel point que sur certaines lignes les vols des avions cargos ont pu disparaître par manque de rentabilité. Pour les compagnies aériennes c’est un revenu supplémentaire conséquent qui participe à la détermination de la rentabilité d’une ligne.
Certaines compagnies comme Air France ont même réduit leur flotte d’avion tout cargo. Alors que la compagnie a pu avoir jusqu’à une dizaine de Boeing 747 cargo elle n’a plus aujourd’hui que deux Boeing 777F, la version cargo du 777-200.
Les restrictions de voyage liées à la pandémie du Covid-19 ont mis à mal les compagnies aériennes dès les premières semaines. Pour limiter les pertes certaines compagnies ont commencé à effectuer des vols sans passagers avec uniquement du fret dans les soutes. Mais dans le même temps les compagnies aériennes spécialisées dans le transport exclusif de fret avec des avions cargos ont mis en service toute leur capacité pour répondre à la forte demande. Certaines ont mêmes remis en service des avions cargos stockés de longue date.
Pour rester compétitif avec des avions aménagés pour transporter des passagers les compagnies aériennes avaient deux choix. Le premier était retirer les sièges des cabines pour faire de la place au transport de marchandise. Le second était d’utiliser les sièges comme support pour arrimer le fret. Ainsi est née l’appellation anglaise preighters pour des avions de transport de passagers utilisés pour du le transport de fret (fusion des termes passenger et freighter).
Dans les deux cas les cabines de ces avions ne sont pas adaptées au mieux. En effet les aménagements de la cabine, la présence des galleys (offices), l’étroitesse des portes ou la structure du plancher ne permettent d’utilise pleinement le volume des cabines passager à cette fin.
Le point critique est donc le facteur sécurité. Si les avions cargos sont équipés avec tous les dispositifs nécessaires au transport de marchandise sur le pont principal ce n’est pas le cas des avions non prévus à cet usage. Les compagnies ont donc prévu de faire voler du Personnel Navigant Commercial pour surveiller le fret pendant le vol. Car en plus du risque de marchandise mal arrimée le risque majeur reste celui de l’incendie. Ainsi les PNC qui surveillent le fret sont pourvus en extincteurs.
Bien entendu le nombre de PNC est bien plus faible que sur un vol commercial. En général il n’y en a un ou deux en fonction de la nature de la marchandise transportée.
Pour autant la présence de PNC à bord de ces avions n’exclut pas les risques qui ne sont pas pris à la légère par l’Agence Européenne de Sécurité Aérienne. A tel point que l’EASA à décidé de limiter le nombre de vols des preighters à 2000 heures de vol jusqu’au 31 décembre 2021 par avion.
L’AESA a également l’intention de définir un cadre pour la protection contre l’incendie et les restrictions de chargement à bord de ces avions modifiés ou ré-aménagés, ainsi que pour les cargaisons interdites. À l’avenir, l’agence prévoit de surveiller la mise en œuvre des modifications de la conception des cabines sur la base de son cadre dans le but de confirmer la validité de sa stratégie d’atténuation des risques.