Lors de la conférence annuelle sur l’aviation et le tourisme dans les Caraïbes (CaribAvia) qui s’est tenue en juin, le PDG d’InterCaribbean, Trevor Sandler, a évoqué l’expansion future de la compagnie aérienne, sa flotte et un appel à des allégements fiscaux dans la région.
CaribAvia se tient chaque année au cours de la deuxième semaine de juin à St. Maarten, réunissant un certain nombre de compagnies aériennes opérant dans la région des Caraïbes, des voyagistes et des hôteliers. L’objectif initial est de promouvoir le tourisme dans la région, d’encourager les nouvelles idées et la recherche de nouvelles opportunités commerciales. Aujourd’hui, avec la crise sanitaire du COVID 19 qui se profile, la nécessité de ce conseil était évidente, tout comme l’accent mis sur l’avenir post-pandémique.
Basée à Turks-et-Caïcos, interCaribbean est l’une des compagnies aériennes des Caraïbes à la croissance la plus rapide, . En tant que région fortement dépendante du tourisme, le manque de vols inter-îles est souvent un défi. Habituellement, pour se rendre dans certaines destinations de la région, il faut aller jusqu’à Miami, Charlotte, Fort Lauderdale ou même New York pour atteindre d’autres îles.
D’autres compagnies aériennes régionales telles que LIAT, Silver Airways, Winnair, Air Antilles, Air Century et Cayman Airways n’assurent la connectivité qu’avec leur pays d’origine. Leur structure est réduite, ce qui laisse Caribbean Airlines et InterCaribbean comme seules compagnies aériennes capables de desservir une grande partie des Caraïbes.
Au cours de la conférence, Trevor Sadler a expliqué que sa compagnie aérienne a cherché des moyens de combler les lacunes en matière de connectivité. La compagnie a signé des accords d’interconnexion avec les principales compagnies aériennes américaines et européennes afin d’augmenter le volume de trafic.
Le transporteur a entamé son processus d’expansion dans la région en 2013 en créant des bases à Santo Domingo (SDQ), à Tortola (EIS) et la dernière à Bridgetown (BGI) à la Barbade en 2020. Cela lui a permis d’être la seule compagnie aérienne de la région à assurer des liaisons entre Cuba et les Caraïbes orientales, mais la pandémie a retardé une grande partie des projets d’expansion.
La compagnie dispose d’une flotte quasi exclusive d’Embraer : huit Embraer 120 Brasilia de 30 places et deux ERJ 145 de 50 places. Elle dispose également d’un DHC-6 Twin Otter pour relier les archipels de îles Turks-et-Caïcos. Selon son PDG, la région n’est pas très peuplée, de sorte que les bases d’opérations susmentionnées sont assez petites, ce qui oblige l’opérateur à recourir à des avions avec des capacités réduites.
La compagnie prévoit de remplacer les Embraer 120 par des ATR 42, mais grâce aux faibles coûts d’exploitation des Embraer ils seront redéployés dans des opérations de fret pour transporter des marchandises de détail entre les îles. D’autre part, les ERJ 145 resteront dans la flotte pour relier leurs bases et les routes à fortes demandes, bien que la possibilité d’inclure un modèle plus grand du constructeur brésilien soit à l’étude.
Selon Trevor Sadler, les réglementations et les taxes imposées par les différents gouvernements insulaires rendent difficile le développement des voyages aériens dans la région. Il précise qu’un billet pour un vol inter-îles de 45 minutes peut coûter près de 300 USD, dont près d’un dixième est constitué de taxes.
De telles augmentations de taxes par rapport au prix de base du billet ont contribué à freiner la croissance des voyages aériens inter-îles dans une région qui repose essentiellement sur les voyages d’agrément. Saint-Vincent-et-les-Grenadines a initié une réduction des taxes, ce qui va favoriser les compagnies aériennes régionales.
Trevor Sadler tente actuellement de négocier ce qu’il appelle des “frais d’escale” avec différents pays afin de partager les taxes entre eux sur un itinéraire multi-îles et d’encourager les voyages inter-îles sans avoir à répercuter des taxes onéreuses sur les passagers.
La compagnie voudrait aussi que les croisiéristes pérennisent leur présence dans les ports d’attaches de la Caraïbe. A cause la crise sanitaire certaines compagnies de croisières ont rattaché leurs navires dans des ports à la Barbade, à St Maarten, aux Bahamas et en Republique Dominicaine au lieu des habituels ports de la Floride. Bien que la mesure soit censée durer jusqu’à la fin des vacances d’été, Trévor Sadler souhaite qu’elle reste en place. Elle permettrait aux compagnies aériennes d’Asie ou d’Europe d’établir davantage de vols vers ces marchés, ce qui amènerait les passagers à prolonger leur séjour autour du navire de croisière. Il estime qu’une telle mesure permettrait d’augmenter le nombre de vols court-courriers pour ceux qui souhaitent voyager entre les îles.