Il n’est pas surprenant que les principales compagnies aériennes des Caraïbes soient criblées de dettes, les gouvernements respectifs étant contraints d’intervenir financièrement pour éviter l’effondrement éventuel des transporteurs régionaux.
Le problème est que des pays comme les Bahamas, le Suriname et les petits pays des Caraïbes orientales ne peuvent pas se permettre de ne pas avoir une compagnie aérienne locale desservant les routes que les grands transporteurs hésitent à exploiter, de sorte que les autorités sont obligées de continuer à les subventionner ou de les laisser continuer à voler avec un niveaux d’endettement abyssal.
La semaine dernière, le gouvernement des Bahamas a déclaré qu’il était contraint d’augmenter les tarifs des billets de la compagnie aérienne publique Bahamas Air (BHS) dont le nombre de passagers s’est réduit en raison de la pandémie du Covid-19.
Comme vous pouvez l’imaginer, pendant cette pandémie, Bahamas Air a accumulé des pertes substantielles. Nous ne le saurons pas avant la fin de l’année, lorsque nous verrons les chiffres. Nous ne savons pas ce qui se passera le reste de l’année mais j’estime de manière prudente que les pertes se situeront probablement entre 50 et 60 millions de dollars.Dionisio D’Aguilar, ministre de l’aviation civile des Bahamas
Bahamas Air est un acteur majeur sur la liaison primordiale entre les îles de l’archipel et le sud des États-Unis, la Floride en particulier, transportant chaque année des milliers de passagers qui alimentent l’industrie touristique de renommée mondiale.
Le ministre affirme que les contribuables et usagers sont fortement impactés afin de maintenir les compagnies aériennes à flot alors même que d’autres secteurs sont également demandeurs pour obtenir des subventions qui sont affectés pour la compagnie. Les passagers, par exemple, devraient désormais payer 25 dollars pour le premier bagage enregistré afin de rendre les tarifs “plus conformes avec la concurrence”.
A l’extrémité sud de la région, Surinam Airways (SLM) survit à peine sous le poids d’une dette écrasante. Selon son directeur, Radjesh Radikoemar, la compagnie est endettée d’au moins 88 millions de dollars, avec des charges pour les pensions, des impôts sur le revenu et d’autres taxes qui ne sont pas versés à l’État depuis des années.
Ce montant de la dette est celui accumulé depuis plusieurs années auquel se rajoute maintenant un déficit à cause de la crise du Covid-19 qui a fortement réduit les revenus. J’ai dit l’année dernière, lorsque j’ai été nommé à ce poste, que cette société est dans une situation désespérée. Même si la gestion n’est pas si mauvaise il reste des options. Radjesh Radikoemar, Directeur Général de Surinam Airways
Radjesh Radikoemar estime que l’entreprise a besoin d’environ quatre bonnes années pour se rétablir et retrouver un équilibre dans ses comptes. Il rappelle que le transporteur a subit une lourde perte quand la certification d’un Boeing 777 (EC-MUA) loué a été retardée de près d’un an alors même que l’avion était au sol et que les paiements de la location étaient effectués.
Les deux dernières compagnies de la liste, bien connues et implantées dans la région, sont la LIAT (LIA) basée à Antigua-et-Barbuda et Caribbean Airlines (BWA) à basée Trinidad-et-Tobago.
La LIAT s’est effondrée de manière spectaculaire l’année dernière, en raison de la dette de 80 millions de dollars envers son personnel et de 100 millions de dollars envers ses créanciers. Désormais propriété du seul gouvernement d’Antigua-et-Barbuda elle a repris ses vols vers quelques destinations de la région à la fin de l’année dernière, mais elle s’est rapidement heurtée à des problèmes de certification avec la Barbade et Saint-Vincent, qui ont tous deux fait comprendre qu’il était temps de créer un nouveau transporteur plutôt que de poursuivre la bataille pour rentabiliser une compagnie insulaire fortement subventionnée. Les gouvernements de ces deux pays soutiennent désormais les efforts d’un groupe privé pour exploiter un nouvel opérateur régional.
Quant à Caribbean Airlines, née sur les cendres de la défunte BWIA, la fermeture continue des frontières de Trinidad l’a acculée dans le rouge après une période florissante entre 2018 et 2019. La situation actuelle a contraint les autorités à accorder une subvention de 65 millions de dollars sous la forme d’un prêt gouvernemental garanti, pour atténuer les effets de la fermeture des frontières. Les salaires de certaines catégories de travailleurs ont été réduits jusqu’à 20 %. Des pilotes ont été placés en congé sans solde alors même que la compagnie aérienne a repris de manière limitée quelques vols vers des pays avec des frontières ouvertes comme le Guyana, la Jamaïque et des îles de la Caraïbe. Elle a récemment du arrêter les vols vers Cuba qui a drastiquement réduit le nombre d’arrivées sur son territoire.
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